Le sportif qui ne regarde que le tableau d'affichage des points sans se préoccuper de la balle et de l'action en cours perdra.
Le manager obnubilé par les chiffres, les taux, les quotas se retrouve dans une posture identique : il ne s'intéresse pas au "comment".
Pourtant, il a intérêt à se pencher sur la bonne façon de gagner plutôt que de ressasser le passé et de suivre ses impulsions.
Voici sept attitudes à proscrire.
- Comparer la prestation à des moyennes
"En principe, quand un commercial décroche x rendez-vous pas mois, il signe x contrats. Tu es loin du compte, il faut te ressaisir !"
Stop aux chiffres généralisateurs... Ces indicateurs ne fournissent pas une vérité absolue.
La vue d'hélicoptère est utile, mais il faut parfois faire du rase-motte en comparant les scores de votre collaborateur au plus près des réalités. Sinon, il se braquera.
Mieux vaut : Comparer les ratios entre profils similaires dans l'entité ou chez les concurrents ; établir un historique individualisé des performances afin de mesurer les progrès et l'investissement.
- Hisser des collaborateurs sur un piédestal
"Mais Sylvie y arrive bien, elle, pourquoi pas toi ?". Gare à ne pas rechercher l'homme (ou la femme) providentiel(le). Prendre un exemple frappant est tentant, mais en réalité vous démotivez les troupes et humiliez celui qui réussit moins. En outre, Sylvie sera haïe par ses pairs.
Mieux vaut : Proposer à Jean d'oeuvrer en binôme avec sa collègue (Sylvie) sur les chantiers nouveaux ou ardus, ce qui le fera progresser lui et la valorisera elle.
- Exiger de travailler plus longtemps
"Bon, il faut se retrousser les manches sans se ménager, quitte à y passer vos soirées.
" Vous pensez pouvoir combler un bilan en capilotade par des charrettes successives... et épuisantes. Or, rajouter une heure de plus à l'agenda collectif ne relancera pas le business, n'accélérera pas un programme majeur.
C'est une vision arithmétique de la construction du succès qui oublie les émotions, l'envie.
Mieux vaut : Exhumer les recettes ou les méthodes oubliées et qui ont marché par le passé ; faire porter l'effort sur les 20% des tâches qui conditionnent 80% des résultats.
- Sur-contrôler et s'affranchir des règles
"Tu en es-où du rapport ? Montre."... "Voilà, ça tu le fais de travers, il manque ceci, cela." S'ensuit une série de mails la nuit et le dimanche.
Attention, être sur le dos de vos subordonnés vous jouera des tours. Ils ne le supportent pas. Surtout que vous ne voyez que les aspects négatifs du travail.
Mieux vaut : Décortiquer l'ouvrage effectué et souligner ce qui a bien fonctionné afin de capitaliser sur le positif, cela incite à avancer ; respecter les consignes horaires maison.
- Retirer le dossier à celui qui patine
"Je vois bien que tu ne t'en sors pas. Paul, Emilie et Zoé vont reprendre le dossier. Toi, tu souffleras en terminant le classement!".
Sous un air affable, vous punissez Marc. Pourtant, cette opération privation est inutile. Bien guidé, il peut être efficace. L'expérience de l'éthologue néerlandais Frans De Waal avec les singes prouvent que les primates cherchent autant à réaliser les puzzles proposés, qu'ils soient récompensés ou non par des douceurs. En outre, vous risquez de semer la zizanie dans les rangs.
Mieux vaut : Déléguer une mission intéressante et valorisante à Marc - un rôle de représentation à une convention, l'animation d'une réunion clé, etc.- renforcera sa motivation et sa confiance en lui.
- Dégainer des "y a qu'à, faut qu'on"
"Ce n'est pas compliqué, il n'y a qu'à appeler X et Y. Il faut qu'on récupère les études précédentes".
Ces chefs sont des "Wikipédias sur pattes", ils savent tout, ont les modes d'emploi, les références ad hoc, sans avoir mis la main à la pâte. C'est horripilant et en plus intimer d'agir ne marche jamais.
Mieux vaut : Pousser les personnes à réfléchir ensemble pour dégager les meilleures solutions et se partager intelligemment les tâches.
- Focaliser l'équipe sur LA priorité
"Je veux que vous vous concentriez sur le projet Y, tant pis pour le reste". Stressé et croyant bien faire, vous mobilisez vos troupes sur le retard à rattraper.
Le hic, c'est que, pour libérer l'esprit de vos collaborateurs, vous les isolez du monde. Du coup ils vont s'asphyxier sur la mission capitale à réaliser. Et seront à la peine pour la mener rondement de bout en bout.
Sources : lexpress.fr