Je viens de lire un ancien article dans les échos sur une étude relative aux « managers atypiques » et leur contribution réelle et potentielle sur les organisations, avec un sous-titre auquel j’adhère totalement : « Intégrer avec succès des managers atypiques, est nécessaire pour faire face aux défis des entreprises ! »
et je me laisse donc aller à quelques réflexions autour de ce sujet, d’autant que je me sens particulièrement concernée…
A l’ère des discours sur la diversité dans les grandes organisations, où le « clonage » est de mise, beaucoup revendiquent cette recherche d’atypisme, mais peu parviennent à intégrer ce type de profil.
Pourquoi ?
- Essentiellement parce qu’elles n’en veulent pas, parce ce que la caste les rejette, car elle ne reconnait pas chez eux les mots, les phrases, les attitudes, les idées tellement partagées qu’elles en deviennent des idées reçues, qui attestent de l’appartenance au groupe et se sent donc en danger de remise en cause, ou d’inconfort.
- Parce que les modes de travail récurrents des équipes d’encadrement (réunions diverses, discours autour des situations,…) sont peu compatibles avec les atypiques, souvent plus mobiles, plus adaptables et moins systématiques.
- Parce que ces organisations se sont structurées à « tous les étages » pour limiter le « risque humain ». Ors la différence, c’est l’inconnu et l’inconnu est un risque.
Elle attire donc les mêmes types de personnes, issues des mêmes types de formation, avec souvent le même type de pensée. Ce qui tombe bien, puisque ces personnes, dites "futurs collaborateurs", viennent chercher cette image d’entreprise, cette norme qui atteste d’un standard de qualité professionnelle (méthode de travail, mode de pensée, croyances, etc…) tant recherché sur le marché…… et c’est comme ça que le chat se mord la queue (le chien aussi).
- Parce que, au final, c’est bien compliqué à gérer ces atypiques et que finalement ça ne fonctionne pas si mal comme ça !
L'atypique bouleverse les process et heurte les égos
Intégrer des managers atypiques suppose de laisser une liberté de méthode, de champ d’actions et de comportements qui heurte les égos, bouleverse les process managériaux érigés en dogmes, s’oppose à la norme comportementale et sociale générée de facto par toute organisation.
Et au final fait craindre l’accumulation de comportements et méthodes individuelles, là où l’entreprise prône le jeu collectif, partant du principe que la rigueur organisationnelle et comportementale est la solution qui évitera le mieux la multiplication des erreurs humaines.
Ce n’est pas pour rien que ces atypiques ont plus de chance d’évoluer dans des structures en phase pionnière, mais on beaucoup moins de chance d’évoluer dans des grandes organisations œuvrant sur des marchés bien structurés et mature.
Ce n’est pas pour rien qu’en période de déstabilisation ou de chute de chiffre la demande de héros du business s’accroit.
Le manager atypique est peu influencé par l’ADN de l’organisation qui l’emploie
Le manager atypique voit mieux qu’un autre ce qui va faire la différence ou ce qui risque d’échouer. Car, moins qu’un autre, il est influencé par l’ADN de l’organisation qui l’emploie, ADN au demeurant souvent inconscient et mal défini mais au cœur de tant de décisions stratégiques.
Malheureusement pour eux, et contrairement à la diversité, la gestion de l’atypisme ne joue pas un rôle important pour l’image des organisations, elle "ne joue qu’un rôle" dans leur capacité à se renouveler, à se régénérer constamment. Et ça, ce n'est pas si important quand une entreprise "va bien".
C’est la raison pour laquelle, Intégrer des atypiques est et ne peut être qu’une décision stratégique Elle ne PEUT PAS ETRE une décision du collectif, une décision spontanément partagée, c’est la décision du dirigeant.
En effet, l’entreprise n’a pas, même si elle le voulait (et j’en doute), la capacité à prendre et mettre en œuvre cette orientation. De plus, les cultures d’entreprise sont très puissantes et digèrent ou rejettent très rapidement le non conforme.
Les atypiques ne sont aujourd’hui nulle part ou presque, les bienvenus !
MLB pour Kaciléo