C'est sur cette introduction que débute la conférence du philosophe André Comte-Sponville (relayée sur le site de Maestrio) auprès des étudiants d'Audencia -Nantes
"Vous allez faire un métier très difficile puisque votre métier c'est ...de faire travailler les autres.
Or, posez-vous la question : combien parmi vos collaborateurs (ou futurs collaborateurs) continueraient à travailler pour vous si, comme ce pizzaiolo récemment, ils gagnaient 60 millions d'Euros au loto ?
Tendanciellement, la réponse est proche de zéro". Le travail est donc vécu comme une contrainte".
Votre métier : faire travailler des gens qui vivent le travail comme une contrainte.
Si l'on y ajoute le contexte de civilisation des loisirs, des lois Aubry, des jeunes qui ont perdu le sens du travail comme me le disent souvent des chefs d'entreprise, on a envie de dire "dure saison pour les managers", d'autant que
Ce que cherchent vos collaborateurs, c'est le bonheur...
Et pas de chance, ce que vous leur proposez c'est du boulot...
D'autant plus difficile que, si vous vous placez du point de vue de l'entreprise, l'objectif n'est pas de créer des emplois mais de la richesse, du profit.
C'est d'ailleurs pour cela que l'on a besoin des entreprises.
Par contre, cela veut dire qu'aucune entreprise n'hésitera un instant à supprimer des emplois pour sauver ou simplement maximiser son profit.
Si nous résumons, et ça devient intéressant : Les salariés cherchent le bonheur et l'entreprise le profit. Donc personne ne cherche le travail pour le travail !
La question est donc : "Comment fait-on pour donner un sens au travail qui n'intéresse ni l'entreprise ni les salariés ? "
Et bien ça, c'est exactement le problème du management !
Sources : André Comte-Sponville - Site Maestro